Malgré la chute de la consommation de gaz en France, atteignant en août 2023 son niveau le plus bas depuis dix ans, le pays continue à développer son infrastructure GNL.
La Russie est le deuxième fournisseur de GNL de la France, alors que le pays souhaite mettre fin à sa dépendance vis-à-vis du gaz russe.
Le GNL russe en provenance de l’usine Yamal continue d’être transbordé au terminal GNL de Montoir-de-Bretagne et envoyé vers d’autres marchés.
Le taux d’utilisation des terminaux GNL français ne progressant pas comme prévu, il est légitime de se demander pourquoi le pays souhaite déployer sa capacité d’importation.
10 octobre 2023 (IEEFA) | La France risque d’investir inutilement dans une nouvelle infrastructure de gaz naturel liquéfié (GNL) alors que les taux d’utilisation des terminaux existants sont en déclin et que la consommation de gaz recule, selon une nouvelle étude de l’IEEFA (Institute for Energy Economics and Financial Analysis).
Le taux d’utilisation moyen des terminaux d’importation de GNL opérationnels français s’élevait à 60 % entre janvier et août 2023, un chiffre en baisse par rapport au taux de 74 % de l’année dernière, suscitant alors des interrogations quant à la nécessité de la nouvelle unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU) récemment arrivée au port du Havre.
Avec une capacité de regazéification de 5 milliards de mètres cubes, l’unité flottante de stockage et de regazéification du Havre devrait être opérationnelle au cours des cinq prochaines années.
Malgré une baisse de 9 % de l’utilisation du gaz en 2022 en raison de la hausse des prix et de la baisse de la consommation, la France envisage également d’accroître la capacité de ses terminaux de GNL opérationnels et des pipelines internationaux.
« L’infrastructure de gaz et de GNL est actuellement menacée par la baisse de la demande et par des prix élevés et volatils, » affirme Ana Maria Jaller-Makarewicz, autrice du rapport et analyste énergétique pour l’IEEFA. « Si la demande poursuit sa chute, la France et ses voisins européens risquent d’investir dans une infrastructure gazière qui ne permettra pas de garantir la sécurité de l’approvisionnement énergétique et pourrait être sous-utilisée. »
« Bien que la France ait plaidé en faveur d’investissements dans des projets qui renforcent la sécurité d’approvisionnement de l’Europe tout en réduisant la dépendance vis-à-vis du gaz russe, paradoxalement, le gaz russe trouve un autre moyen de rejoindre les ports français, sous forme de GNL. »
Tandis que l’objectif déclaré du terminal du Havre est de compenser partiellement la réduction ou l’arrêt de l’approvisionnement en gaz en provenance de Russie, la France poursuit ses importations en GNL russe et les transbordements destinés à d’autres marchés.
Engie a signé en 2015 un accord de 23 ans pour importer 1 million de tonnes de GNL chaque année depuis l’usine russe du projet Yamal LNG, en vue d’un transbordement au terminal de Montoir-de-Bretagne, sur la côte ouest française. Ce contrat a été depuis lors transféré à TotalEnergies en 2018.*
En 2022, les États-Unis étaient le principal exportateur de GNL en France, suivis par la Russie, l’Algérie, le Qatar et le Nigeria, selon Kpler.
Découvrez le rapport: https://ieefa.org/resources/le-paradoxe-du-gnl-en-france
*Ce paragraphe a été mis à jour pour indiquer que le contrat d'Engie a été transféré à TotalEnergies.
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À propos de l’IEEFA
L’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA) examine les questions liées aux marchés, aux tendances et aux politiques énergétiques. La mission de l’Institut est d’accélérer la transition vers une économie de l’énergie diversifiée, durable et rentable. www.ieefa.org